Perce-bois

Armand Gaston Camus, Notes sur l’histoire des animaux d’Aristote, Paris, Chez la Veuve Desaint 1783.

PERCE-BOIS

Aristote a donné une description assez étendue de cet insecte pour le rendre très reconnaissable. Hist. Liv. V. ch. 32. Il est aisé de voir qu’il est du genre de ceux que nous appelons teignes, c’est à dire, des insectes qui ayant une peau rase, tendre & délicate, se font des espèces de fourreaux pour se couvrir (1). Je suis fort surpris qu’après la description d’Aristote, on ait fait de l’insecte dont il parle, le Coffus (2), qui est un ver nud & qui ne s’habille point comme les teignes (3). Charleton a mieux rencontré lorsqu’il a décrit le Xylophotoron d’Aristote, comme le Phryganion de Belon, ou le Charrée des François : insecte qui est, dit-il , du genre des teignes, & qui naît dans les bois pourris qu’on trouve le long des rivières & dans les rivières (4).

M. de Réaumur a pareillement décrit des teignes qu’il observe avoir été connues d’Aristote, & nommées par lui Xylophtoros. Leurs habits, dit M. de Réaumur, sont en général, des tuyaux de soie de figure cylindrique, ou de la figure d’un cône tronqué ; mais elles les rendent solides en les recouvrant de certaines matières, par exemple, de morceaux de feuilles, de brins de tiges de gramen, de petits bâtons, &. M. de Réaumur avertit aussi que c’est sur-tout dans les eaux qu’il faut chercher ces insectes que les Grecs ont appelles Xylophteros ; il soutient en même tems que l’on a tort de donner à ces insectes, soit aquatiques, soit terrestres, le nom de Xylophtoros ou Ligniperda, comme s’ils gâtoient ou corrompoient le bois, tandis que tout ce qu’il sont, c’est de prendre du bois qui se perd pour se couvrir (5). Mais d’une part, je crois que l’expression grecque peut se réduire à signifier qui perce le bois, qui ronge le bois ; ensuite, M. de Réaumur ne s’explique pas assez sur la nourriture de ces vers, pour qu’on ne puisse pas penser qu’il en ait qui se nourrissent effectivement de bois.
Aristote a dit du perce-bois dont il parloit, qu’il devenoit chrysalide comme les chenilles, mais qu’on ne savoit quel animal aîlé résultait de cette métamorphose. Hist.. L . V. ch 32.. Charleton prétend que c’est un papillon (6). M. de Réaumur, après des observations qui paroissent plus exactes, assure que ce sont des mouches à quatre ailes du genre de celles qu’il nomme papillonacées (7) ; c’est à dire, des mouches dont les aîles n’ont qu’une demi-transparence : ce qui les feroit prendre au premier coup d’œil pour des papillons.
(1)Mém. pour servir à l’histoire des insectes, Tom III. pag. 41.
(2)Constant. Lexicon
(3) Voyez l’histoire du Coffus, dans Swammerdam, Bibl. nat. pag. 307 & suiv.
(4)Exercit. Insects, pag. 61.
(5) Mém. Pour l’Hist. des insectes, Tom. III : pag. 147 & 154.
(6) Exercit. Insecta, pag 61.
(7) Mém. Pour l’Hist. des Ins. Tom III. Pag. 174.