La propriété désinfectante de la braise et du charbon

M. Porcheron, « Quelques additions au Glossaire du Centre », Mémoire de la Société historique, littéraire et scientifique du Cher, Bourges, 1888, p. 135-165.

21. Charbois s.m. (peut-être contraction de charrie-bois). – Nom qu’on donne, dans la contrée de Bourges, à la larve aquatique d’un névroptère de la famille des pliciennes et du genre des friganes, l’éphémère, dont les poissons sont très-friands et que, pour cette raison, les pêcheurs à la ligne emploient comme amorce.
Cette larve se contruit une demeure ambulante, composée d’un fourreau qui d’adapte parfaitement à sa taille et qui est artistement formé d’un tissu soyeux et imperméable, auquel elle agglutine, dans un certain ordre, des brins de paille, des tiges de plantes et des débris de feuilles mêlées de graviers. Munie de cet appareil protecteur, elle navigue librement et sans crainte au fond des rivières, où elle se nourrit de plantes aquatiques.-On l’appelle porte-faix en Bourgogne.
Les friganes, qui n’emploient pour leur construction de leur appareil nautique que des matèriaux plus légers que l’eau, ont l’ingéniosité d’y ajouter, en manière de lest une suffisante quantité de graviers, afin de le rendre submersible. Ne pourrait-on pas en conclure, sans trop de témérité, que l’industrieux insecte avait connu et mis à profit, pour son usage personnel, bien avant qu’Archimède ne l’eût enseigné aux hommes, la grande loi de la pesanteur spécifique des corps, comme le chat qui, au rapport de Toussenel, a découvert, mille ans avant les chimistes modernes, la propriété désinfectante de la braise et du charbon.