Les Français les appellent charrées

Pierre Belon, De aquatilibus libro duo cum iconibus ad vivant ipsorum effigiem quoad ejus fieri potuit expressis, Paris, Ch. Estienne, 1553.

Des détritus marins
Quelques-unes des immondices marines qu’on appelle deiectamenta, se déplacent véritablement : ainsi le sexe de mer, la chenille, le lièvre de mer, le poumon de mer, le petit pied marin, le phrygane et l’hippocampe. D’autres ne bougent pas comme le lombric de mer, l’oreille de mer et le foie de mer…
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(Phryganium) La phrygane
Les phryganes d’eau douce sont également une curiosité marine. Les Français les appellent charrées, parce qu’ils sont fort ressemblant à des restes de cendres. Le phrygane est un alevin, ou plutôt un vermisseau, que les pêcheurs utilisent comme appât.
Comme les araignées, il sécrète un fil par la bouche ( il sait en effet tisser comme une araignée) avec lequel il colle et attache. Au fur et à mesure qu’il grandit, il se construit un habitacle plus grand. Il imite en cela le pinnotère, sauf à considérer que celui-ci ne saurait construire une habitation pour lui-même. Il a partout des pieds pointus, grâce auxquels il se déplace même dans l’eau du ruisseau le plus rapide. Car il ne sait pas nager. C’est un tout petit animal, allongé semblable à une chenille, dont les truites sont très friandes. Il est en effet abondant dans les eaux courantes et les torrents. Même de petits poissons en prennent en abondance quand il arrive à ces vermisseaux de se dépouiller de leur étui ou de leur fourreau. Le philosophe Chrysippe (rapporte Pline) raconte que la phrygane est un remède pour la fièvre quarte. Mais pour ce qui était cet animal, il n’en fait pas lui-même la description et nous n’avons trouvé personne qui le sache.
p.443.