Diverses hypothèses

AnonymeLa vie secrète des rivières, Nature en France, Evreux, Atlas, 2002, p. 69.

Les larves à fourreau sont attachées à leur abri mobile grâce à d’épais coussinets situés à l’avant de leur abdomen. Diverses espèces ont, plus en arrière, des branchies ventilées en permanence par des ondulations du corps qui génèrent un courant d’eau à travers le fourreau. Les larves de phryganes à fourreau se déplacent en poussant leur tête et leur thorax hors du fourreau et en se servant de leurs pattes pour traîner leur corps et son abri. L’espèce Traienodes bicolor, pourvue de longues pattes soyeuses qui lui permettent de nager, édifie un fourreau léger fait de matières végétales. Plusieurs espèces utilisent leurs pièces buccales afin de découper des fragments de feuilles à la taille requise pour fabriquer leur étui. Chaque espèce construit un fourreau à condition que les matières appropriées soient disponibles. Anabolia nervosa fournit un bon exemple de l’adaptabilité du comportement des phryganes à fourreau : certains individus utilisent de petits fragments végétaux pour construire un fourreau droit, alors que d’autres alignent les fragments de plantes en forme de chevrons (vus de dessus). D’autres se servent de grains de sable soutenus par de petits bâtonnets collés de part et d’autres du fourreau. A voir de telles variations, on pourrait croire que ces insectes agissent selon des préférences artistiques. Les fourreaux sont bâtis à partir de l’extrémité antérieure, la larve se servant de ses pattes et de son appareil buccal pour manipuler les éléments et les mettre en place. De petits crochets au dos de l’abdomen lui signalent quand le fourreau recouvre l’ensemble du corps. Le fourreau est étendu à mesure que la larve grandit et les anciens fourreaux que les larves ont abandonnés pour se métamorphoser sur le fond des lacs et des cours d’eau, car la soie utilisée pour leur édification met parfois plusieurs mois à se décomposer. Les fourreaux larvaires construits pour certains avec de petits grains de sable sont de véritables fardeaux pour les minuscules larves de phryganes caparaçonnées. On a émis diverses hypothèses quand à leur fonction. Le fourreau aiderait à lester l’insecte sur le fond d’un cours d’eau, pour l’empêcher d’être emporté par le courant. Le fourreau fournirait un excellent moyen de camouflage et de protection pour une larve très vulnérable dans un monde de prédateurs. C’est sans doute la dernière hypothèse qui est la bonne car de nombreuses espèces de phryganes vivant dans des eaux calmes construisent un fourreau alors que, dans ces habitats, elles ne sont pas exposées à de puissants courants.