Il ne faudrait pas croire

Henri Coupin , L’Aquarium d’eau douce, Paris. Librairie J.-B. Baillière, 1893, p. 252-255.

Phryganes.
Les derniers Insectes que nous ayons à examiner, les Phryganes, sont extrêmement intéressant ; il faut être prévenu de leur présence, sans quoi on risquerait de ne point les apercevoir dans le troubleau qui les a péchés.
Les larves de PHRYGANES (fig. 169) se construisent en effet un nid qui les enveloppe complètement et les cache à a vue. Ce nid est une sorte de fourreau cylindrique ouvert à ses deux extrémités ; nous représentons divers spécimens de nids de Phrygane (fig. 170) : les matières employées sont extrêmement variables. Mais il ne faudrait pas croire que chacun d’eux correspond à une espèce spéciale. Non, les différences entre les fourreaux tiennent simplement aux matières que la larve a eues sous la main (si l’on peut s’exprimer ainsi) pour les construire. Généralement ce sont des petites bûchettes de bois d’une régularité remarquable(1) et disposées transversalement en laissant au centre un espace cylindrique tapissée par la soie. D’autres fois, ce sont de simples brindilles de plantes, des fragments de végétaux verts, de vase, de cailloux, de coquilles, de petites planorbes, de feuilles mortes, etc. Une mention spéciale doit être faite pour une coque délicate, en forme de coquille, qui a été trouvé à Tenesse. Le plus souvent le fourreau est entièrement libre dans l’eau ; ce n’est qu’exceptionnellement qu’il est fixé à quelque plante aquatique (fig. 171). A l’état de repos, la larve y et complètement cachée ; mais, lorsqu’elle veut se déplacer, on voit sortir, d’une extrémité, la tête et les anneaux antérieurs munis de pattes. En arrière, elle est solidement cramponnée au nid par des crochets. Mais vient-on à l’effrayer, elle rentre immédiatement dans son fourreau et disparaît à la vue.

(1) On n’a pas étudié complètement la manière dont les larves édifient leur fourreau ; ce serait un travail bien intéressant à faire pour qui a des loisirs.