Vincent Albouy, Guides des curieux de nature, Paris, Delachaux et Niestlé, 2006, p. 175.
Dans les eaux calmes et peu profondes des mares, des étangs ou des fossés se remarquent des fourreaux composés de débris divers agglomérés avec un certain ordre et habités par des larves. Certaines intègrent des coquilles de planorbes encore habitées par leur propriétaire.
Appelées porte-faix par les pêcheurs, les larves de phrygane sont molles et lentes. Pour éviter d’être rapidement dévorées par les nombreux prédateurs des eaux douces, elles se construisent dès la naissance un fourreau de soie sur lequel sont collés divers matériaux prélevés dans l’environnement. Celui de la limnéphile à antennes jaunes est d’aspect variable. Il peut être fabriqué à partir de gros morceaux de brindilles assemblés en vrac, de petits morceaux de tiges agencés en travers, et parfois de coquilles de planorbes, spiralées et très aplaties prenant la forme de disques, vides ou encore occupées par des escargots. Englués par la soie, ceux-ci sont incapables de se libérer. Tant que larve de phrygane déambule au fond de l’eau, les planorbes trouvent toujours l’occasion de brouter quelques plantes. Leur vie devient difficile, mais elles peuvent survivre. Mais quand la larve a fini son développement, elle s’immobilise pour se nymphoser. C’est la mort de faim assurée à plus ou moins brève échéance pour les planorbes. La coquille qui les protège habituellement leur a été fatale dans ce cas précis.