Anonyme, « La Frigane jaune », Le Naturaliste, Paris, vol. 23 -24, p. 12, 1901, G. B. (texte inspiré par celui de Rendu 1870).
Ce fourreau, autrement dit l’habit de la phrygane, est le trait saillant de leur existence. Le fond en est de soie et toujours très régulier ; il consiste en un tuyau cylindrique plus large à l’avant qu’à l’arrière, toujours parfaitement lisse à l’intérieur. Il n’en est pas de même de sa surface externe ; elle varie autant de forme que les matériaux destinés à la recouvrir sont eux-mêmes diversifiés. L’élégance et le goût ne président pas toujours au choix et à l’emploi de la matière première. Les circonstances en décident. Le costume, parfois, est assez baroque, on en voit de hérissés comme des porc-épics ; d’autres au contraire à de logues robes flottantes. Il en est qui se couvrent de morceaux de bois diversement rangés, tandis que d’autres se fabriquent des habits d’arlequin avec des brindilles, des fétus de paille, des débris de coquilles bizarrement entrelacés.
Certains habits sont encore plus excentriques ; quelques larves portent sur leur dos toute une ménagerie vivante ; bulimes, cyclostomes, mollusques aquatiques de toutes sortes dans les positions les plus grotesques. Sous leur premier état les Phryganes quittent rarement leur étui. Il faut une circonstance majeure pour les forcer à en sortir même momentanément. Elles n’y rentrent jamais qu’avec circonspection. Elles tournent auparavant tout autour et examinent attentivement. Placent-elles quelques embuscades elles s’en éloignent, sauf à s’emparer du premier étui vide qu’elles rencontrent pourvu qu’il ait appartenu à quelqu’un de leur espèce.