Anonyme, Les insectes, Organisation- Mœurs, Classe- Collection- Classification, Paris, J. Rothschild, 1878, p. 102-104.
Nous empruntons au livre intéressant de M. Pizzetta, l’Aquarium, la description des procédés mis en oeuvre par la larve de cette espèce pour construire son fourreau.
« Il est fort intéressant de voir ces larves fabriquer leur étui ; il faut donc les mettre à part dans un vase en verre, rempli d’eau limpide, qu’on aura toujours soin de laisser ouvert et à l’abri de la grande chaleur. Pour faire sortir une larve de son étui, il faut employer certaines précautions ; car si on la tirait par la tête, elle se cramponnerait si fortement avec ses crochets abdominaux qu’on ne la retirerait pas entière. Le meilleur moyen est de la pousser par derrière avec une pointe émoussée ou une tête d’épingle ; elle avance ainsi peu à peu et finit par sortir. Si l’on met une larve ainsi sortie à côté de son étui, elle cherchera à y rentrer, mais si on enlève celui-ci et qu’on lui donne les matériaux nécessaires, on la verra s’en fabriquer un autre.
« Prenons, par exemple, celle-ci, qui habite un étui de pierres. Après s’être promenée par tout le vase, comme pour reconnaître le terrain et choisir un endroit propre à confectionner son étui, la larve choisit deux ou trois petites pierres plates et en fait une voûte mince, soutenue par des fils de soie, au-dessous de laquelle elle se loge. Ce premier point accompli, on la voit successivement prendre une pierre avec les pattes et la présenter comme le ferait un maçon, cherchant à ce qu’elle rencontre exactement l’intervalle et à ce que la surface soit lisse à l’intérieur ; elle l’attache alors par des fils de soie aux pierres voisines. Elle fait la même chose pour chaque pierre, en se tournant toujours en dedans de son ouvrage, dont elle sort le moins possible, et seulement autant qu’il le faut pour saisir les pierres qui lui conviennent. Elle met 5 à 6 heures à faire son étui qu’elle tapisse entièrement de soie à l’intérieur.
« Si la larve se sert d’autres matériaux, coquilles, bois, feuilles, la fabrication de l’étui est la même, mais d’autant moins longue que les matériaux ont plus de surface. ../..
Nous figurons ici plusieurs spécimens de fourreaux (fig. 6ç à 72) : en b est celui de la Phrygane rhombique, composé de petites bûchettes de bois disposées transversalement ; en d est celui de la Phryganea lunaris, composé de brins d’herbes et de nervures de feuilles savamment enchevêtrées ; en c est représenté l’étui de la Phrygana fusca, fabriquée de petites coquilles agglutinées par de la matière soyeuse .
La Phrygane brune (Phryganea fusca) (fig. 7 » et 74), de moitié plus petite que la Phr. Grandis, est d’un brun clair, avec des taches et les nervures des ailes plus foncées. Elle construit son fourreau soit avec des petites pierres, soit avec de petites coquilles, et elle choisit de préférence celles des planorbes qui sont rondes et plates.