Léon Bertin, La vie des animaux, tome premier, Paris, Larousse, 1949, p. 225-226.
L’intérêt des larves de Phryganes réside surtout en ce que beaucoup d’entre elles dites pour cette raison porte-bois, porte-faix, porte-feuilles, etc., habitent – un étui ou fourreau protecteur qu’elles construisent de toutes pièces. On trouve communément de ces étuis dans les ruisseaux et l’on reste confondu devant l’ingéniosité avec laquelle ils sont bâtis au moyen des matériaux les plus divers. Le mortier, si l’on peut dire, est toujours de la soie qu’excrètent les glandes salivaires. Les larves de Phryganes sont pourvues, à cet égard, des mêmes organes séricigènes que les vers à soie. Les pierres de l’édifice sont, au contraire, extrêmement variables avec les espèces et aussi, pour chaque espèce, avec les circonstances extérieures. Ce peuvent être des brindilles de bois, des morceaux de feuilles, de petits graviers, quelquefois des fragments de coquille ou des coquilles entières de Planorbes.
Les fourreaux sont toujours plus ou moins cylindriques et ordinairement plus larges en avant qu’en arrière. Ils sont toujours tapissés intérieurement par de la soie. Trois mamelons charnus, dont est pourvu son premier segment abdominal, le maintiennent écarté de la paroi, tandis que les crochets du bout de sa queue lui permettent de se cramponner solidement au fond de l’étui. L’adhésion est si forte, qu’on ne peut parvenir à faire sortir une larve qu’en l’attaquant par derrière avec une épingle.
Pour marcher, la larve de Phrygane sort de son étui la partie antérieure de son corps et ses pattes. Elle traîne son habitation derrière elle et sait la guider parmi les plantes et les rocs, la faire monter en surface ou la faire plonger au fond et défier les courants les plus rapides. Ses muscles sont le moteur de l’engin. Dès l’instant où elle est effrayée ou dérangée, elle se rejette dans son abri.
D’une manière générale, on peut dire que les larves des Trichoptères ne changent pas de demeure. Lorsque, par suite de la croissance de son hôte, le fourreau devient trop petit, la larve l’allonge par addition de nouvelles pièces à l’extrémité antérieure. C’est ce qui explique que le diamètre aille en s’élargissant vers l’avant.