Roger Caillois, Le mimétisme animal, Paris, Hachette, 1963, p. 10.
Au fond d’une mare, une brindille paraît se mettre en marche. L’observateur croit d’abord à une illusion. Le miracle persiste et intrigue le témoin qui finit par se saisir du morceau de bois ambulant. Il constate qu’il s’agit d’un fourreau habité par une larve qui, sortie de l’eau, se hâte de ramener sa tête et ses pattes à l’intérieur de sa gaine protectrice. Cette fois, ce n’est pas son organisme qui fournit à l’animal son déguisement. Il se fabrique lui-même et endosse une sorte de vêtement qui le dissimule aux regards intéressés. Il use d’industrie pour dépister la curiosité indésirable et sait emprunter au milieu ce qui lui est nécessaire pour se constituer son enveloppe fallacieuse.