Ernest Candèze, Aventures d’un grillon, Bibliothèque d’Éducation et de Récréation, Paris, J. Hetzel et Cie, circa 1870, p. 162.
On voyait ramper sur la vase des nèpes au milieu de petits objets brunâtres qu’au premier abord je pris pour des fragments de bûchettes, mais qu’un examen attentif me démontra être tout autre chose. Je les signalai à la fourmi.
« Ce sont des larves de phryganes que vous prenez pour des morceaux de bois, me dit-elle ; ces larves, qui vivent en fort mauvaise compagnie, comme vous pouvez en juger, seraient bientôt dévorées si elles ne prenaient la précaution de se confectionner une sorte de fourreau qui les enveloppe entièrement. Elles ne laissent voir au dehors que la tête et les pattes, et encore s’empressent-elles de les retirer en dedans au moindre danger ; ce sont des animaux bien avisés.
-Que mangent-elles ?
-Un peu de tout.
-Passent-elles leur vie entière dans l’eau ?
-Nullement. Quand elles ont atteint toute leur taille, c’est à dire quand elles s’aperçoivent qu’elles ne grandissent plus, elles attachent leur fourreau à une plante et s’y transforment à la manière des libellules. Tenez, en voilà une qui vole.