Henri Coupin, « Le carnaval chez les animaux », L’illustration, Paris, n° 2658, samedi 3 février 1894, p. 86-87.
Mais la bête qui atteint le summum du déguisement, c’est la Teigne des vêtements qui, pour dévorer nos habits sans être vue, se fabrique un petit étui des plus élégants avec les brins de laine qu’elle met en charpie ; c’est un vêtement absolument identique au nôtre. Quand l’animal se trouve sur un vêtement dit « fantaisie », le fourreau pour s’accroître emprunte des brins de différentes couleurs, ce qui lui donne l’aspect d’un habit d’arlequin.
Ce n’est pas seulement chez les animaux terrestres que de tels faits se rencontrent. Toutes les personnes qui sont allées au bord de la mer connaissent les araignées de mer, ces gros crabes épineux et munis de longues pattes, que l’on désigne quelquefois aussi sous le nom de Maïas. A l’aide de leurs pinces, ils détachent des morceaux d’algues , de polypes, de bryozoaires, d’éponges, et les déposent sur leur carapace. Les boutures ainsi placées reprennent vie très rapidement et bientôt tout le corps de l’animal est recouvert d’un véritable musée zoologique et botanique. Le crabe disparaît sous une touffe d’algues qui le rendent méconnaissable.
Nous représentons aussi deux espèces de troques agglutinants de la mer des Indes qui s’habillent avec des coquilles d’autres petits mollusques.
Citons enfin les larves des Phryganes, hôtes de nos étangs, qui se fabriquent un fourreau protecteur avec des débris de plantes, des petites coquilles, des petits cailloux, nid dans lequel elles rentrent à la moindre alerte et que l’on n’aperçoit que difficilement au milieu des herbes ambiantes.
Les personnes qui se déguisent ne se contentent pas de se mettre des costumes fantaisistes ou de prendre des attitudes inaccoutumées ; elles modifient aussi leur teint en se couvrant les joues d’un fard, rouge ou blanc, suivant les cas.