J.-P. Eeckhoudt Vanden, Ces Martiens de chez nous, les Insectes, Édition Art et Voyage, Paris, Arts & Voyage, Lucien de Meyer, 1965.
Les larves d’insectes appartenant aux ordres les plus divers se dissimulent dans des abris qu’elles fabriquent elles-mêmes au moyen de matériaux empruntés à leur entourage. Les pêcheurs à la ligne connaissent bien ces fagots lilliputiens faits de menues brindilles assemblées avec de la soie, et que l’on trouve sur le fond des ruisseaux et des étangs : ils appellent casiers ou porte-bois les larves de phryganes qui habitent ces fagots et qui les transportent avec elles dans leurs déplacements ; elles y sont parfaitement à l’abri de toute attaque de la part des poissons. Certaines phryganes construisent leur étui avec des rondelles, grande comme l’ongle du pouce, découpées dans les feuilles mortes de hêtre qui tapissent le fond de leur étang ; d’autres cimentent ensemble des grains de sable ou de menus cailloux ; d’autres encore bâtissent leur fourreau avec de gracieuses coquilles de limnées ou de planorbes, ces petits escargots d’eau douce très répandus. Ceci ne fait d’ailleurs pas l’affaire des mollusques solidement incorporés à ce bâtiment mouvant : ils sont condamnés à une mort lente mais certaine, faute de pouvoir s’alimenter normalement.