Mari Friend, La vie secrète de nos jardins et de nos campagnes, Paris, Hachette, 1992, p. 58-59.
Les fourreaux des mouches printanières
Elles passent le plus clair de leur temps sous l’eau, à l’état de larves , et sont faciles à trouver et à reconnaître dans les eaux douces.
Observer des larves de mouches printanières est tout à fait passionnant. Il n’est pas facile d’élever ces constructrices de fourreaux, puisqu’elles se nourrissent d’algues et de plantes, fraiches ou en décomposition. Vous pouvez ainsi assister au développement complet de cet insecte, qui pond ses œufs, enrobés d’une substance gélatineuse, sur les tiges des plantes.
Les larves ont un corps mou qui les fait ressembler à des chenilles lorsqu’elles sortent de l’œuf. Elles commencent presque immédiatement à tisser un petit fourreau autour de leur corps avec la soie produite par leurs glandes salivaires. Pour consolider ce fourreau, chaque espèce choisit des matériaux différents, qu’elle dispose d’une manière qui lui est propre. Il peut s’agir de petits morceaux de plante, de grains de sable, de minuscules cailloux, de coquilles d’escargots ou branchettes. Certaines espèces disposent leur matériau en spirale ; d’autres ne semblent pas vraiment avoir de méthode. D’autres encore associent deux types de matériaux, des grains de sable et de petits rameaux, par exemple. Si la larve ne parvient pas à trouver son matériau préféré, elle optera pour un autre matériau présent dans l’habitat, mais le fourreau se confondra toujours parfaitement avec l’environnement et constituera un excellent camouflage.
Dans les eaux calmes, les larves choisissent en général des matériaux légers, mais dans les eaux agitées, où le moindre poids sert d’ancre, elles recouvrent leur fourreau en soie de matériaux plus lourds.
Cette faculté d’adaptation est fascinante. J’ai réussi à persuader une larve d’utiliser les matériaux que je lui avais fournis pour orner ses fourreaux ; il est vrai que ces matériaux étaient pour elle les seuls disponibles. On peut ainsi obtenir des fourreaux entourés de perles de couleur, de morceaux de verre non coupant ou de petits éclats de poterie, par exemple. Bien sûr, il faut s’occuper de ses larves décoratives jusqu’à la fin de la nymphose car, si on les remettait dans leur milieu naturel, elles seraient rapidement repérées par un prédateur.