N. Guillemard, La pêche à la ligne et au filet dans les eaux douces de la France, Paris, Hachette, 1857, p. 104-105.
Cet insecte, c’est la phrygane, de la famille des éphémères. Ce serait une étude curieuse et intéressante que celle des espèces de papillons qui vivent si peu de jours et qui, dans la courte durée de leur existence, accomplissent tant de miracles de transformation et d’industrie ; mais un pareil chapitre d’histoire naturelle ce serait ici tout au moins un hors-d’œuvre. Il me suffira donc de dire qu’à l’état de larve, la phrygane, qui alors est à peu près de la grosseur d’un asticot, pour se préserver de la dent de ses ennemis et afin de se préparer un berceau pour la durée de son sommeil à l’état de nymphe, a l’instinct de se construire un abri. Avec des matériaux qu’elle agglutine à la surface extérieure de la soie filée par elle, elle fabrique une espèce de gaîne ou de fourreau, composé soit de débris de plantes aquatiques, soit même de petits graviers. Elle s’empare pour cet usage de ce qui se trouve, je n’ose pas dire sous sa main, mais à sa portée ; à ce point que dans l’état de captivité, on amené des phryganes à se faire des habits de mosaïques, en plaçant auprès d’elles de tout petits éclats de verre colorés. Dans l’état de nature, les larves des phryganes ne s’habillent pas aussi splendidement, et pour l’ordinaire on les voit ; enveloppées de quelques détritus végétaux, flotter au bord des eaux, au milieu des brindilles de bois et de jonc repoussées vers la terre et par le courant. En cherchant bien au milieu de ces petites épaves, on trouvera la larve tapie dans son étui, il n’est pas difficile de la tirer en la prenant par la tête. Attaché sur l’hameçon, cet appât sollicite puissamment la voracité de la vandoise, et j’ajouterai que les autres espèces congénères ne dédaignent pas non plus cet insecte, lorsque la main de l’homme, en le dépouillant de sa cuirasse protectrice, en a préparé pour eux un facile destin.