Louis-François Jéhan, Tableau de la création ou Dieu manifesté par ses œuvres, tome II, Tours, Alfred Mame, 1872, p. 92-93.
Une espèce de Phrygane se développe à l’état de Larve parmi les roseaux des étangs : elle se file un fourreau d’une matière imperméable à l’eau ; elle coupe des tranches des feuilles de plantes aquatiques ou des brins d’herbes ténues ; elle les colle, suivant leur longueur, sur le cylindre creux dans lequel elle habite, et ressemble ainsi, par la forme et la couleur de son enveloppe, à une tige rompue de la plante dont elle se nourrit. Une autre, qui se repaît de feuilles de Lemnas et de Callitriches, fixe aussi sur son étui des fragments de ces feuilles, qui ne cessent pas de croître ; la Larve de la Phrygane paraît douer ces petits végétaux d’une nouvelle vie qui contraste singulièrement avec l’immobilité des eaux dans lesquelles elle séjourne.
Une autre espèce, non moins adroite et curieuse à observer, se rencontre dans les eaux vives et rapides : pour ne point être entrainées par le courant, elle colle à son fourreau les petites coquilles qu’elle rencontre, en dégorgeant sur elles une humeur visqueuse et tenace, lors même qu’elles renferment encore leurs habitants, qu’elle semble ainsi forcer à devenir ses satellites et ses protecteurs obligés.
Telles sont les ruses au moyen desquelles ces Larves qu’on nomme vulgairement des Casets, échappent à la voracité des Poisons, qui en sont fort friands.