Damien Lagauzère, Sociologie et théorie du chaos, Paris, Harmattan, 2007, p. 207.
Dawkins insiste sur la différence entre réplicateurs et véhicules. Ainsi, les véhicules, comme nos corps ne se répliquent pas, ils ne font pas de copies d’eux-mêmes. Ils sont les véhicules des réplicateurs que sont les molécules d’ADN. A l’inverse, les réplicateurs n’agissent pas sur le monde – qu’ils ne perçoivent même pas d’ailleurs –, ils laissent cela aux soins de leurs véhicules. De fait, les mèmes sont à considérer comme des réplicateurs – et agissent comme tels – dont nous sommes les véhicules. Mais il défend également l’idée voulant qu’un gène produise des effets sur le monde, ce qu’il appelle l’effet phénotypique, par le biais de son véhicule. Il illustre son propos en prenant notamment pour exemple les barrages des castors, mais il s’attarde sur les maisons des phryganes. Les larves de ces dernières fabriquent un ciment dont elles se servent pour construire une maison tubulaire à partir de matériaux divers provenant du lit du ruisseau. Pour Dawkins, nul doute que la maison de la phrygane est un produit de la sélection darwinienne. Le « problème » est que, contrairement à la coquille de l’escargot ou à la carapace du homard, le matériau utilisé par la larve de la phrygane ne relève pas du vivant. Néanmoins il considère que la forme et l’ensemble des caractéristiques de la maison sont une conséquence de l’action des gènes. L‘exemple de la maison de la phrygane montre que le gène suppose cette « sortie » de l’individu-hôte et prévoit une interaction avec son environnement d’une manière semblable à celle que nous postulons pour le cerveau.