Pierre Larousse, Dictionnaire Universel du XIX° siècle, Paris, Larousse, 1874.
La forme, la structure , la disposition des tuyaux varient suivant les espèces, les conditions dans lesquelles elles doivent vivre, la nature, le repos ou le degré de rapidité des eaux, les matériaux qui se trouvent sur les lieux etc. Quelques-unes pénètrent dans la coquille d’un mollusque sans en attaquer l’habitant, avec lequel elles paraissent vivre en bonne intelligence. Mais la plupart, avons nous dit, se fabriquent des fourreaux, en général un peu coniques, au moins à l’intérieur, et, ouverts seulement par le bout qui livre passage à la tête et aux pattes.
Celles qui ne quittent pas les eaux courantes ont un fourreau couvert en dehors de toutes sortes de substances un peu lourdes, graines, graviers, fragments de coquilles, brins de végétaux, qu’elles agglutinent ou fixent avec des fils de soie.
Souvent ce fourreau est couvert de petites coquilles renfermant des mollusques vivants, tantôt d’une seule espèce, tantôt de plusieurs, et si bien attachées qu’il n’est pas possible à leurs habitants de se séparer de la surface à laquelle ils adhèrent; on a ainsi le bizarre spectacle d’un animal vêtu d’autres animaux.
Les espèces qui habitent les eaux stagnantes emploient des brins d’herbe, des fragments de roseaux, des morceaux de feuilles fraîches, qu’elles ajustent avec un art et une industrie admirables. Souvent le cylindre soyeux intérieur est inscrit dans un prisme régulier, de telle sorte que chacun des brins se prolongeant se croisent de part et d’autre avec l’un de ceux qui sont collés au même tuyau. Il en résulte des fourreaux excessivement hérissés, tout à fait semblables à des bourrées en miniature et qui prennent jusqu’à douze fois le diamètre du cylindre intérieur. D’autres découpent en petites pièces carrées des feuilles de plantes aquatiques et les réunissent en rubans qui, roulés en spirale, recouvrent toute la surface de l’étui.
On a remarqué que les phryganes qui se servent de sable, de graviers ou de petits cailloux ont, grâce à l’uniformité des matériaux, des étuis de formes plus régulières et plus constante. Duméril, ayant fait travailler plusieurs de ces larves dans des circonstances obligées, où il ne leur fournissait que des sables de diverses couleurs, autant que possible à grains réguliers ronds ou cubiques a obtenu ainsi des sortes de mosaïques très variées.
Au reste, on a reconnu depuis longtemps que, pour bien connaître le travail des larves de Phryganes, il ne suffisait pas de les observer en liberté dans les eaux qu’elles habitent, mais qu’il fallait en élever en captivité et les faire travailler sous ses yeux.