J.A. Lestage, Notes trichoptérologiques (10° Note) Une larve de Trichoptère spongillicole, Annales Biologiques Lacustre, 1925, pp. 237-238.

C’est un fait bien connu que, si certaines larves de Trichoptères montrent un rigorisme absolu dans le choix des matériaux de leur fourreau, d’autres, par contre, font preuve d’un certain éclectisme.

Cependant, c’est aller un peu loin que de croire que « Les Phryganes de l’Allier, pour lutter contre les Perches et les Truites si friandes d’Insectes, se sont mises en état de défense : elles ont transformé leurs fourreaux, jusque-là inoffensifs, en forteresse hérissées de lances meurtrières. Elles incorporent à leurs tubes des branches pointues, des piquants, des épines, et même des hameçons lorsqu’elles ont la bonne fortune d’en trouver. Aussi le Poisson n’insiste pas lorsqu’il rencontre une proie aussi armée. » (1)
Evidemment, l’auteur a en vue, dans cette description, les fourreaux larvaires d’Anabolia nervosa, et le dessin que j’en donne montre que ma supposition doit être fondée (fig.1). Malheureusement je ne pense pas que ces ajouts au fourreau aient le but que leur assigne l’auteur ; elles sont absolument indépendantes de toute idée de défense contre la gent piscicole, et c’est du pur anthropomorphisme que d’écrire que « l’animal s’étant rendu compte que le bois qui flotte sur l’eau est plus léger encore est allé le chercher.. »(2)
Ces matériaux d’ajoute, indices du rhéophilisme de la larve, sont simplement ou bien des matériaux d’alourdissement, ou bien des « ancres » de sûreté ; et, pour bien montrer que le poisson n’a cure de ces piquants, de ces lances, etc., je citerai simplement un cas : une Truite de 200 grammes avait dans l’estomac, avec d’autres larves, 32 larves de cette Anabolia nervosa(3) !!!!
Précisement, cette Anabolia est une des larves qui offre le rigorisme le plus strict dans la composition de son fourreau.
(1) Caustier, Les Insectes, Bibliothèque des Merveilles, Paris, Hachette, p. 80.
(2) Caustier, loc. cit.
(3) Stankovitch, Alimentation de la Truite. (Ann. Univ. Grenoble, 1920, p. 163).