Paul Boyer, L’Année du pêcheur, Paris, Nathan, 1997, p 66 et 67.
La pêche au ver d’eau que nous traitons ce mois-ci n’est guère différente de la pêche au ver de terre traitée en mars, si ce n’est par l’appât et le matériel plus léger.
Qu’entend-on par le ver d’eau ? Ce terme impropre, mais bien ancré dans le langage halieutique, désigne en réalité diverses larves de trichoptères (phryganes), également connues sous différents noms vernaculaires tels que : caset, traîne-buche, porte-bois, etc. Peu importe l’espèce de trichoptères à laquelle appartient le ver d’eau, pourvu qu’il soit bien formé et représente une bouchée délectable.
On ramasse les vers d’eau sur le lit caillouteux des ruisseaux, sur ou sous les grosses pierres, mais aussi dans certains fossés noyés toute l’année, dans des rigoles ou rus des zones humides. Les larves de phryganes abondent un peu partout, surtout en été. En avril, il faudra retourner quelques grosses pierres pour trouver suffisamment de vers d’eau pour une journée de pêche. La larve vit dans un étui de sable, parfois cet abri larvaire est constitué de débris végétaux et de brindilles (traîne-buche). Selon la situation de la rivière et la température de l’eau, leur métamorphose se produit. Arrivées à maturité, au fil des éclosions, les phryganes s’envolent, laissant leurs étuis vides.
On doit donc vérifier que chaque étui est bien occupé avant de le ramasser. Détail curieux : lors d’un examen du contenu stomacal d’une truite vivant dans une rivière à phryganes, on trouve des étuis dans son estomac. Une truite affamée avale tout, la larve et son enveloppe sableuse. Aussi, une larve sans sa carapace doit représenter pour elle une vraie gourmandise ! En cours de récolte, on peut tomber sur de véritables nids de vers d’eau. Dans très peu d’eau (30 à 40 cm), sur plusieurs couches , sont rassemblées des milliers de larves…. Une aubaine, car outre la truite, tous les poissons aiment cet appât, du vairon au chevaine, en passant par le barbeau. Si certaines conditions ne sont pas respectées, les larves vivantes ont du mal à survivre après une semaine de conservation. Il leur faut de l’humidité, de l’obscurité et de la fraîcheur. Aussitôt récoltés, les vers d’eau doivent être mis dans un petit sac en jute.