Jean-Paul Pequegnot, L’art de la pêche à la mouche sèche, Paris, Flammarion, 1981, p. 215-216.
Les abris mobiles sont assez élaborés. Outre la soie, la larve utilise pour leur construction, des matériaux très divers d’origine végétale ou minérale. Les larves vivant en eau calme utilisent surtout des débris végétaux légers, faciles à déplacer, tiges creuses, fragments de feuilles, brindilles entrecroisées de diverses façons. Les espèces animales aimant les eaux vives lestent leurs fourreaux avec des grains de sable plus ou moins gros, de petites pierres et même des coquilles de mollusques.
La forme et les constituants de l’étui sont souvent caractéristiques d’un genre ou d’une espèce et leur examen contribue grandement à la détermination d’une larve.
Les larves traînant leur étui avec elles, la tête et le thorax émergeant seuls au cours de la locomotion. Elles explorent ainsi le fond de la rivière recherchant de menues proies animales ou végétales. J’en ai vu plusieurs fois occupés à dévorer des alevins morts. Elles sont assez agressives et j’ai eu la surprise ce constater que ces bestioles sorties de leur étui et placées dans une assiette avec un peu d’eau, s’entrebattent fougueusement, sans grand dommage il est vrai. Par curiosité, j’ai jeté un peu de mie de pain dans l’assiette : les larves n’ont manifesté aucun intérêt alimentaire pour les miettes, mais se sont mises aussitôt en devoir de les amalgamer pour s’en construire des fourreaux !…./….
Les larves d’abord que nous connaissons tous sous les noms de vers d’eau, de traîne-bûches ou de porte-bois, sont très prisées par tous les poissons et ce sont d’excellents appâts naturels auxquels seul le brochet ne porte pas attention. La truite en est si gourmande qu’elle n’hésite pas à avaler la larve et son étui de sable, parfois en telle quantité que l’on sent crisser les fourreaux dans l’estomac du poisson serré dans la main. Il est bien rare que l’autopsie d’une truite prise au cours de la première moitié de l’année, lorsque les larves sont bien développées et actives, ne montre pas quelques étuis.