F.A. Pouchet, « Causeries sur les insectes », Manuel général de l’instruction primaire, Paris n°42, 21 octobre 1865, p. 1003.
Les tondeurs de draps et les mangeurs de plomb
Parfois aussi les phryganes, c’est ainsi que l’on nomme ces prudents ouvriers, construisent leur guérite avec des coquilles d’eau douce; d’autre fois, enfin, elles coupent à cet effet de fines herbes et s’en enveloppent tout le corps, de manière qu’elles ressemblent, au fond des mares, à de petites bottes de foin ambulantes. La phrygane commune semble peu tenir à la nature des matériaux qu’elle emploie, et volontiers elles se sert de tous ceux qui se trouvent à sa portée. Ayant extrait avec soin plusieurs de ces larves de leurs fourreaux de coquillages, et les ayant ensuite placées dans des vases d’eau dont le fond était uniquement tapissé de petites perles de couleurs variées, je les vis se mettre immédiatement à l’ouvrage, pour se confectionner un nouveau domicile, en choisissant ça et là les perles les plus diversicolores de manière que quand la construction fut terminée, chaque vêtement de phrygane ressemblait à un petit étui en mosaïque qui se promenait sur les parois de mon vase en cristal.