Gaston Richard, Les comportements instinctifs, Paris, P.U.F., 1975, p.38-39.
L’exemple de la construction du fourreau chez les Phryganes, bien étudié de ce point de vue par Denis le prouve. Diverses descriptions du fourreau initial (étui fait de petits graviers reliés avec de la soie) et surtout l’étude des phénomènes de reconstruction ont montré depuis longtemps déjà que les larves de Trichoptères édifient toujours leur construction spécifique à la suite d’un étui grossier temporaire. Dans tous les cas, la régularité morphologique et structurale du fourreau définitif s’oppose à l’état plus grossier du premier établissement. Mais les caractères spécifiques se dessinent peu à peu, en rapport avec des modifications successives du comportement constructeur. Au début, les animaux travaillent très vite ; ensuite ils construisent de plus en plus lentement, les actes qu’ils exécutent devenant de plus en plus complexes. L’analyse de Denis montre que ce sont les premiers enchaînements de mouvement de la larvule dans l’œuf dès avant l’éclosion (redressement, reploiement, incurvation, redressement = enchaînement fondamental), qui constituent la première et importante composante du comportement constructeur sur laquelle se greffent peu à peu après la naissance des mouvements alternatifs complexes des pattes, de la tête et des appendices buccaux. Les mouvements globaux enchaînés ainsi établis, ont une forte action sur l’environnement, chacun agissant à sa manière. Lorsque la construction du fourreau progresse, ce sont toujours les mêmes éléments séquentiels qu’on retrouve exprimés par la larve ; mais la compilation provient alors de la répétition possible d’un mouvement ou d’un ensemble de mouvements combiné à des déplacements plus ou moins importants de l’animal vis-à-vis de ce qui l’entoure.