A. Andrieux, La pêche à la ligne, Paris, Éditions de Montsouris, 1956, pp.94-95.
Mais ces infortunées bestioles ont trouvé le moyen, comme les « bernards-l’ermite » de la mer (les « piades » de la Méditerranée), de mettre à l’abri leur pauvre corps sans défense. Elles réunissent des matériaux variant avec chaque espèce : morceaux de bois, débris de coquilles, petits graviers, et, au moyen des fils de soie qu’elles sécrètent, les assemblent en petits fourreaux à leur taille. Elles se cramponnent au fond du fourreau par une sorte de pince qui termine leur abdomen et ne laissent passer à l’entrée que leur petite tête vorace et leur six pattes au moyen desquelles elles cheminent maladroitement, s’accrochant aux pierres, au branches immergés, et trimbalant partout leur petite maison. En cet état, la plupart des poissons les respectent, sachant qu’ils ne peuvent les séparer de leur armure. Mais s’ils les rencontrent toutes nues, ils ont vite fait de les châtier de leur imprudence. Ce sont ces singulières habitudes de transporter partout divers matériaux qui ont valu à ces larves leurs noms populaires de « traîne-bûche, porte-bois, portefaix, cherche-faix, cherfaix, etc. ».