Des brindilles animées

Anonyme, Animaux bâtisseurs, Paris, Cemea, Hachette Jeunesse, 1987, p. 35-36.

Des brindilles animées

Au printemps, penchons-nous au-dessus de l’eau claire d’un ruisseau et observons quelques minutes. Près de la berge, des sortes de petits tubes, longs de quelques centimètres et constitués d’un agglomérat de brindilles diverses, grimpent, descendent se déplacent sur le fond. Nous sommes en présence des curieuses larves de phryganes. Les pêcheurs qui les utilisent leur ont donné des surnoms évocateurs : charpentiers, porte-faix, traîne-bûches, traînes-bois.

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Les larves se confondent si bien avec le milieu où elles vivent, qu’il est difficile de les découvrir et de les distinguer d’un simple bâtonnet entraine par le courant. De chacune, nous ne voyons habituellement que la tête aux mandibules voraces et une partie du thorax. Tout disparaît dans le fourreau à la moindre alerte. Sortie de l’étui, la larve montre un abdomen enveloppé de longs filaments blancs, les branchies. A l’extrémité postérieure se trouve des «  crochets » qui lui permettent de s’agripper aux parois de sa demeure.

Des matériaux de construction

Dans une mare ou un ruisseau, péchons avec un filet trouble-eau quelques larves de phryganes. Essayons de faire sortir complètement un animal de son logement, sans le blesser : il ne faut ni le saisir par la tête, ni le tirer mais le pousser par derrière, délicatement, à l’aide d’une allumette.

Prenons différents récipients creux. Dans chacun d’eux, diversifions les éléments : sable, graviers, débris de feuilles, minuscules brindilles, coquilles de petite taille ; nous pouvons les combiner. Ajoutons un peu d’eau et dans chacun une larve nue. A sa lèvre inférieure, celle-ci sécrète un fil de soie, qui va cimenter les matériaux et reconstituer un fourreau. Nous verrons celle qui reconstruit le plus vite et les préférences pour certains matériaux. N’oublions pas les fourreaux d’origine. Il est très intéressant d’examiner leur composition maintenant que leur propriétaire est de nouveau logé ailleurs : on y trouve parfois de minuscules coquilles d’escargots encore habitées !

Des maisons adaptées

Les phryganes qui vivent dans les ruisseaux à eau courante, se lestent pour ne pas être entrainées au loin. Elles se construisent un tube et y incluent des cailloux. Elles sont capables de donner au gîte l’aspect d’une corne, afin de l’ancrer fermement, au sol.