La lumière des tubes

Jeanine Bertrand-Sarfati, Pierre Freytet et Jean-Claude Plaziat, « Les calcaires concrétionnés de la limite Oligocène-Miocène des environs de Saint-Pourçain-sur-Sioule (lLmagne d’Allier) : rôle des Algues dans leur édification analogie avec les stromatolites et rapports avec la sédimentation », Paris, Bulletion de la Société Géologique de France, VIII, 1966, p. 652-662.

Les encroutements d’accumulation d’indusies.

Ce sont les formes les plus remarquables (« choux-fleur », « calcaire à phryganes » des anciens auteurs). Dans les assises calcaires, la seule forme connue est celle d’édifice globuleux de plus ou moins grande taille (diamètre de l’ordre du mètre) mais les colonnes de l’assise sableuse supérieure montrent la même structure, une même morphologie de surface et un diamètre semblable. Les colonnes voisinent d’ailleurs avec des formes globuleuses identiques à celles de l’assise sous-jacente. Cela indique à notre avis, une similitude d’origine. Cependant dans le cas des colonnes, le processus d’édification a duré plus longtemps et s’est déplacé vers le haut au fur et à mesure de la sédimentation terrigène.

La masse axiale de ces colonnes est une accumulation de fourreaux légèrement cimentés par des encroûtements algaires. La lumière des tubes est en général peu rétrécie et la majeure partie de l’encroûtement est collectif, donc postérieur pour une bonne part à l’accumulation. Le cortex exclusivement constitué de couches algaires concentriques, est épais de quelques centimètres. Il montre des variations morphologiques entre les constrictions, les stades initiaux et les dilatations : la surface d’abord granuleuse, devient plus largement papilleuse puis mamelonnée. Notons que les renflements et les constrictions des colonnes sont tous situés aux même s niveaux dans la carrière Cluzel, donc paraissent correspondre à des optimums synchrones des conditions de vie. Nous avons indiqués qu’au cours de las sédimentation les colonnes constituaient de véritables récifs, dépassant notablement le fond sableux du lac.

Comment expliquer l’édification de ces constructions à indusies ? Ce sont les formes en colonnes qui nous permettent de proposer une interprétation : la croissance, sans cloisonnement horizontal, du cylindre cortical indique la permanence de l’ouverture supérieure. La localisation exclusive des indusies dans les colonnes permet de considérer celles-ci comme le résultat d’une contrainte biologique stricte : nécessité pour les larves de se nymphoser à proximité de la surface de l’eau. Des touffes vivaces de végétaux aériens, enracinées dans le fond du lac, ont dû constituer la seule voie permanente d’ascension pour les générations de larves de « Phryganes ». Nous supposons donc que ces encroûtements columnaire se sont formés autour de la portion immergée de ces touffes de végétaux. Les larves sur le point de se nymphoser, devaient se réunir en grimpant sur la base des tiges et lorsqu’elles abandonnaient leurs fourreaux, ceux-ci tombaient au pied de chzaque touffe dans la vasque cylindrique au milieu des racines de végétaux pourrissant (aucun moulage des végétaux n’a été conservé). Il est nécessaire que l’encroûtement externe ait précédé l’accumulation des indusies pour expliquer qu’au moment de leur chute celles-ci ne se soient pas dispersées autour de la touffe de végétaux.

 

 

Jeanine Bertrand-Sarfati, Pierre Freytet et Jean-Claude Plaziat, « Les calcaires concrétionnés de la limite Oligocène-Miocène des environs de Saint-Pourçain-sur-Sioule (lLmagne d’Allier) : rôle des Algues dans leur édification analogie avec les stromatolites et rapports avec la sédimentation », Paris, Bulletion de la Société Géologique de France, VIII, 1966, p. 652-662.