Alfred Edmund Brehm, Les Insectes, tome 1, édition française par J. Kunckel d’Herculais, Paris, Baillière, 1881, p. 513 -514.
Pour donner une idée des différents matériaux et des différents procédés de construction employés par les Larves de Phryganes, nous avons représenté ici un certain nombre de ces coques. Elles se servent tantôt de grains de sable (fig. 721, 728), tantôt de cailloux un peu plus gros (fig. 726 et 727), tantôt de coquilles d’escargots (fig. 719, 725), appartenant principalement au genre Planorbis et parfois habitées encore par ces Molluscoïdes, tantôt de très petites valves de Moules ; d’autres fois elles emploient des parties végétales déchiquetées (fig. 722, 723, 724, 729 et 730), parmi lesquelles les fragments d’herbe, de roseaux, de branches et d’écorces, les lentilles d’eau, les graines arborescentes jouent un rôle dont l’importance varie suivant les diverses localités. A l’exception des figues 731 et 732, nous avons l’occasion d’observer toutes ces formes à l’état libre dans les ruisseaux, les fossés, les eaux stagnantes de la France, de l’Allemagne et de l’Europe entière qui renferment une végétation luxuriante. Il paraît établi aujourd’hui que l’alimentation de ces Larves se compose principalement de matières végétales ; les débris animaux n’y jouent qu’un rôle secondaire ; cependant, élevées dans les aquariums, elles y manifestent les instincts les plus carnassiers et dévorent tout ce qui s’agite à leur portée. Il est bien clair qu’une seule et même espèce n’emploie pas toujours les mêmes matériaux pour former sa coque ; mais il est certain que chacune d’elle conserve toujours le même type de construction et ne s’en écarte qu’autant que la nécessité s’impose et l’oblige à mettre en œuvre les matériaux qu’elle a à sa disposition. Du reste ces espèces très nombreuses, malgré les travaux de Pictet, ne sont pas encore étudiées depuis assez longtemps pour qu’on puisse deviner quelle sera la Phryganide qui sortira d’une coque donnée, ou pour qu’on puisse établir à cet égard des principes généraux. La coque délicate en forme de coquillage (fig. 731 et 732), présente un intérêt tout particulier. Elle provient du Tennessee et fur prise par le Naturaliste américain Lea pour l’œuvre d’un Mollusque ( Valvata arenifera) ; le savant suisse Bremi y reconnut l’œuvre d’une Phryganide à laquelle il attribua le nom de Helicopsyche Shutleworthi.
Ces coques, ouvertes à l’avant et à l’arrière sont habitées par une Larve (fig. 734) qui se fixe à l’arrière à l’aide d’une paire de crochets, et laisse dépasser à l’avant tout au plus sa tête écailleuse et ses trois anneaux thoraciques armés d’une seule griffe, lorsqu’elle grimpe le long de quelque plante aquatique ou qu’elle nage entre deux eaux ou à la surface. ../…
Les Phryganes-Phryganea
…/… Cette Larve n’abandonne pas sa demeure plus volontiers que tout autre « Ver pudibond ». Lorsqu’on veut l’en extraire sans léser ni l’Insecte ni sa coque, il faut pousser l’Animal par derrière, graduellement et avec précaution, à l’aide d’une tête d’épingle. On vient ainsi à bout de sa résistance ; sitôt qu’on le laisse faire il introduit de nouveau sa tête dans sa coque, rampe à l’intérieur et y fait volte-face. Si on le pose à nu dans un verre rempli d’eau, sur lequel flottent toutes sortes de corps légers qu’il puisse utiliser pour la construction de sa demeure, on le voit s’agiter pendant des heures autour d’eux sans en tirer parti ; si on y introduit des débris d’une coque ancienne, des éclats de bois et d’autres détritus végétaux qui s’imbibent d’eau et coulent au fond, il se précipite aussitôt sur eux, s’installe sur un des débris les plus longs, découpe des copeaux de bois ou des morceaux de feuilles, les assujettit presque verticalement sur les côtés de la pièce principale et continue ce travail jusqu’à l’achèvement complet d’un cylindre servant de carcasse à son étui qui s’élève peu à peu et finit par acquérir la longueur de la Larve. Les fentes qui s’y trouvent au commencement sont peu à peu bouchées…
Les Limnophiles-Limnophilus
La Phrygane rhombifère (Limnophilus rhombicus) qui représentera ici toute la tribu, confectionne son étui à l’aide de matériaux très divers. Elle emploie tantôt des brins d’herbe fins posés en travers, tantôt des brins plus épais , ainsi que le représente la figure 733 ; elle se sert aussi de brins plus allongés disposés dans le sens de la longueur, ou encore de débris de bois ou d’écorces qu’elle entrelace sans ordre..