Henri Coupin, La vie curieuse des Bêtes, Paris, Armand Colin, 1906, pp. 70-71.
Citons aussi les larves de Phryganes, hôtes de nos étangs, qui se fabriquent un fourreau protecteur avec différents matériaux, nid dans lequel elles rentrent à la moindre alerte et que certains transportent partout avec elles ; ces petits nids leur permettent de se promener au milieu des herbes ambiantes sans être aperçues ; Les matériaux varient selon les espèces. Ce sont tantôt des pierres ou du sable, tantôt des brins d’herbe, tous de même longueur disposés parallèlement les uns aux autres en spirale régulière, tantôt enfin des bûchettes de bois ou même de petites coquilles, dont les Mollusques continuent souvent à vivre. Réaumur, racontant ce fait ajoute ; « Ces sortes d’habits, sont fort jolis, mais ils sont aussi des plus singuliers. Un sauvage qui, au lieu d’être recouvert de fourrures, le serait de rats musqués, de Taupes ou autres animaux vivants, aurait un habillement bien extraordinaire : tel est, en quelque sorte, celui de nos larves . »
D’ailleurs, les Phryganes peuvent varier la couverture de leur étui d’après les matériaux que l’on met à leur disposition. D’après les renseignements donnés par M. Girard, pour fabriquer un étui de pierrailles, par exemple, la larve nue se promène au fond pour reconnaître et choisir ses matériaux. Elle fait ensuite une voûte de deux ou trois pierres plates soutenues et liées par des fils de soie, et se loge au-dessous. Puis elle choisit les pierres une à une, les tient entre ses pattes et les présente comme un maçon, de sorte que chacune entre dans l’intervalle des autres et que les surfaces planes soient intérieures. Quand la pierre est bien placée, la larve la colle par des fils de soie aux pierres voisines. Elle commence l’étui par sa région postérieure. Les étuis de petites pierres, les plus longs à faire, demandent de cinq à six heures.