La reconstruction du fourreau

Christian Denis, « La reconstruction du fourreau par Limnophilus Lunatus (Trichoptera-Limnophilidae) », Bulletin Biologique de la France et de la Belgique, tome XCIX, 1965, pp. 342-342.

Si les nombreux auteurs qui ont étudié la reconstruction du fourreau par les larves de Trichoptères s’accordent à reconnaître dans tous les cas, la formation d’un fourreau provisoire, grossier, avant celle du fourreau spécifique, leurs descriptions diffèrent fréquemment, en ce qui concerne les premières étapes de la reconstruction. Ainsi selon Pictet (1834) la larve commence par réaliser une voûte à l’aide de deux ou trois grosses pierres. Oudeman (1900) constate que l’animal rassemble des matériaux et construit successivement, la partie ventrale, les parties latérales et la partie dorsale d’un abri. La larve de Platyphylax designatus constitue un grand tas de matériaux au contact duquel le fourreau est reconstruit. Mais le tas lui-même ne fait pas partie intégrante du fourreau (Marshall et Vorhies, 1905). Dans le cas de Molanna angustata, Dembowski (1933) observe tout d’abord l’enfouissement (die Eingrabung), puis la formation d’un tas-abri (der Stützhaufen), après quoi le fourreau proprement dit est construit. Selon Moretti (1933), la reconstruction du fourreau, chez Seristoma personatum, Limnophilus rhombicus et Glyphotaelius pellucidus, s’effectue à partir d’un anneau édifié autour du premier segment de l’abdomen. Carasso et Maillet (1952 et 1954) retrouvent la ceinture abdominale dans le cas de Triaenodes conspersa et de Setodes (tineiformis ?). Mais, chez ces deux espèces, la ceinture est formée à partir d’une boulette constituée par des matériaux variés rassemblés par la larve et reliées entre eux par de la soie.  Enfin, Hanna (1960), ayant étudié la  phase initiale de la reconstruction, pour les larves éruciformes, sept méthodes différentes de démarrage de la construction.

-La méthode du tunnel. La larve rassemble un tas de feuilles et rampe dessous. Elle réalise alors un tunnel en disposant d’autres feuilles sous elle.

-La méthode de la plaque dorsale, la méthode de la plaque ventrale et la méthode du carré. Selon Hanna, ces trois méthodes sont équivalentes : l’animal étant sur les pattes, ou sur le dos, constitue un plan de matériaux au contact de la face ventrale de son corps, puis édifie les parties latérales et, enfin la partie dorsale (ou ventrale) de la construction.

-La méthode de la ceinture et la méthode du T. dans les deux cas, la larve réunit un tas de matériaux. Elle se renverse ensuite sur le tas, ou bien rampe dessous. Elle attire enfin à l’aide de ses pattes, les deux extrémités du tas qu’elle réunit enfin à l’aide de ses pattes, les deux extrémités du tas qu’elle réunit devant elle par de la soie.

-La méthode du creusement. La larve creuse le sable et y enfonce verticalement la tête et le thorax. Elle construit alors un anneau autour de son thorax.

Hanna a constaté, en outre, que certaines espèces n’emploient qu’une ou deux méthodes de construction, tandis que d’autres sont capables d’en utiliser trois ou quatre.

Cette rapide revue bibliographique fait donc apparaître :

a)  La multiplicité des méthodes utilisées par les larves éruciformes de Trichoptères pour édifier la partie initiale de leur fourreau.

b)  La possibilité, qu’ont certaines espèces, de pouvoir commencer de différentes façons à reconstruire leur fourreau.

c)    La diversité des types morphologiques que semble présenter la partie initiale du fourreau.

S’il semble normal, à priori, de rencontrer des différences interspécifiques dans les méthodes de reconstruction, chez les Trichoptères, il est, par contre, assez surprenant que les larves de certaines espèces puissent commencer à reconstruire leur fourreau de diverses manières.

Dans le but de chercher à préciser ces comportements, nous avons longuement étudié les larves de Limnophilus lunatus.

Selon Hanna, les larves de cette espèce commencent à reconstruire leur fourreau en utilisant soit la méthode du carré, soit la méthode de la ceinture ; et ceci, aussi bien pour des animaux âgés que pour des animaux jeunes. Nos observations, portant sur plusieurs dizaines d’individus, nous ont montré qu’en réalité les façons de se comporter, de ces larves, étant extrêmement variées et que la partie initiale de la construction présentait, d’un cas à un autre, d’importantes différences morphologiques.