La prévoyance de la nature est la loi d’une suprême sagesse

A. Duquesne, Note sur les Phryganes, Rouen, Société des Amis des Sciences Naturelles de Rouen, 1° semestre, 1873, p. 39-44.

La prévoyance de la nature est la loi d’une suprême sagesse, a dit un auteur. Il suffit, pour s’en rendre compte et l’admirer, de jeter les yeux autour de soi ; les ruses de certains insectes, tels que les Phryganes, nous en offrent un exemple remarquable.

Les Phryganes appartiennent à l’ordre des Névroptères, à la famille des Plicipennes, de Latreille ; au genre Phryganeade Linnée.

J’ai l’honneur de présenter et d’offrir à la Société, des larves phryganides munies de leurs fourreaux et un insecte parfait que j’ai trouvé dans des bottes de cresson. N’ayant pu moi-même arriver à les nommer, je me suis adressé, à M. J. Cloüet, qui, après examen approfondi et après avoir consulté au Museum de Paris, l’intéressant ouvrage de M. Pictet, sur les Phryganides, a pu, déterminer d’une manière très-précise ces étuis et l’insecte parfait comme appartenant à trois espèces différentes ; je dois aussi à sa main obligeante les dessins-ci contre qui les représentent exactement.

La fig. 1 représente l’étui formé de petits cailloux assez gros et d’une petite coquille, ainsi que l’insecte parfait, la larve et la nymphe qui correspondent à la Phryganea striata (Phrygane striée).

La fig. 2 représente l’étui en mousse et la larve qui correspond à la Phryganea nigrocornis (Phrygane à antennes noires) . On y a ajouté la figure de l’insecte parfait.

La fig. 3 représente l’étui arqué et à rebord avec sa larve et l’aile d’un insecte parfait qui correspond à la Phryganea elegans (Phrygane élégante).

Le nom des Phryganes vient du grec  φρύγανων(fagot), à cause de certains fourreaux de leurs larves qui ressemblent à de petits fagots, à de petites bottes de foin, il leur a été donné par le vieux naturaliste Belon, il a été, depuis adopté par Linnée et conservé tel jusqu’à nous. Les pêcheurs qui, dans certains endroits, se servent des larves pour amorcer leurs lignes, les nomment vulgairement casets, charrées, porte-bois, porte-feuilles, porte-sable, parce que, selon les espèces auxquelles elles appartiennent, selon les eaux où elles se trouvent, leurs fourreaux sont recouverts de substances différentes.