Frédéric Houssay, Les industries des animaux, Paris, J.B. Baillière, 1890, p. 176-177.
Les larves de Phryganes, qui ont une vie aquatique, usent de ce procédé pour se séparer du monde. Elles se préparent des tubes dans lesquels elles séjournent (fig. 24). Tous les débris que le ruisseau entraine sont bons pour leurs travaux, à la condition, toutefois, d’être plus denses que l’eau. Elles s’emparent des morceaux de feuilles aquatiques, des petits bouts de bois , tombés dans l’eau depuis assez longtemps pour en être imbibés et devenus suffisamment lourds pour se tenir au fond ou, du moins, pour ne plus flotter à la surface. C’est la larve de Phryganea striata, dont on a le mieux suivi le travail ; celui des espèces voisines agissent évidemment à peu près de même, les différences ne sauraient se présenter que dans le détail. Le petit charpentier arrête d’abord un fragment, dont la longueur dépasse un peu celle de son propre corps, se couche sur lui, et assujettit sur ses côtés d’autres pièces. Il arrive ainsi à obtenir la carcasse d’un cylindre. Les plus grosses fentes sont aveuglées avec tous les détritus possibles. Puis ces matériaux étrangers sont agglutinés par la production d’un organe adapté à cela. La larve enduit l’intérieur de son tube d’une paroi de soie moelleuse qui rend le cylindre imperméable au liquide ambiant et consolide le premier travail. L’insecte est ainsi en possession d’une retraite sûre. Ressemblant à un débris quelconque, il achève en paix sa métamorphose, sans être inquiété par les carnassiers du ruisseau.