Des choses du dehors

Joseph Delboeuf,« Déterminisme et liberté » Revue philosophique de la France et de l’étranger, Paris, XIV, Librairie Germer Baillière, 1882. p. 175-176.

Le protozoaire ou le mollusque qui sait extraire le calcaire ou la silice des eaux qu’il habite pour s’en construire une carapace aussi élégante que confortable, fait en petit ce que nous faisons en grand quand du sein de la terre nous tirons du sable, des pierres, des minerais pour bâtir nos demeures. La frigane se fabrique un petit étui dans lequel elle trouve à la fois protection et soutien. Sur la surface des mers, on voit l’argonaute élever sa gracieuse nacelle et voguer à pleines voiles. L’abeille édifie ses rayons ; le renard se creuse une tanière ; le castor élève des digues. Du bas en haut de l’échelle, chaque animal s’ingénie à accaparer ce qui lui convient le mieux des choses du dehors. Par là, il modifie dans la mesure de ses moyens la face du globe ; et donnez-lui le nombre et le temps, l’imagination restera stupéfaite devant l’immensité de l’œuvre accomplie.