Alphonse Labitte, « L’Architecture chez les insectes », Paris, La Science et la Vie, n° 52, septembre 1920, p. 352.
Les Phryganes sont des névroptères : leur état larvaire se passe dans le fond de l’eau. Les poissons recherchent les larves des Phryganes parce qu’elles sont molles, facile à happer et succulentes pour eux, probablement. Mais les larves connaissent la prédilection qu’ont les poissons pour elles, et, pour se dérober à la dent de ces monstres en même temps qu’à tous leurs ennemis, larves de Libellules, de Dytiques, d’Hydrophiles, etc., elles se revêtent de cuirasses originales qu’elles fabriquent elles mêmes avec toutes sortes de matériaux : brindilles de bois, brins de paille, assemblage de graviers et de coquillages minuscules, etc…
Lorsqu’ une larve de Phrygane veut confectionner son fourreau protecteur, elle a une mise en œuvre semblable à celle du maçon. Après avoir choisi les matériaux qu’elle veut employer, si son choix s’est arrêté sur des graviers, elle en cherche deux ou trois bien plats, elle les rassemble et les lie avec des fils de soie, elle en forme une voûte sous laquelle elle se place ; un à un, ensuite, elle prend les autres graviers avec ses pattes, les joint à ceux déjà fixés en faisant clef de voûte, les entrecroisant, ayant soin de mettre à l’intérieur les surfaces planes. Chaque gravier, une fois mis à la place qu’il doit occuper, est relié et scellé avec ses voisins par des fils de soie très ténus.