Pierre-André Latreille, Histoire Naturelle des crustacés et des insectes, Paris, imprimerie F. Dufart 1801-1804.
Les larves de frigane, qui habitent dans des fourreaux composé de diverses manières, ainsi que je l’expliquerai, sont également carnassières, quoique souvent elles mangent aussi les feuilles et les plantes.
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Les teignes aquatiques à six pattes ont aussi leur fourreau. Tout leur est bon pour recouvrir un premier vêtement de pure soie qu’elles se filent; elles se saisissent indifféremment de tous les petits corps qu’elles rencontrent dans l’eau, en les attachant à leur habit. Il est recouvert de gravier, de petites pierres, de morceaux de bois, de parcelles de roseaux, de petites coquilles, tantôt de moules, tantôt de limaçons; et ce qui est inconcevable, les moules et les limaçons habitent encore ces coquilles. Enchaînés au fourreau de l’insecte par des cables de soie, ils sont obligés de le suivre par tout où il lui plait.
Quelques teignes aquatiques sont plus recherchées dans le choix des matériaux de leur domicile, elles paraissent toujours préférer des matières d’un certain genre, dont elles revêtent constamment leur fourreau. Les uns s’arrêtent aux grains de gravier ou à de petites pierres; d’autres emploient des feuilles ou des fragmens de feuilles, d’autres des brins de jonc ou des graines. Ces teignes ou larves de friganes ne sortent pas d’elles-même de leur fourreau; il leur sert de retraite et de défense; si on veut les obliger de le quitter, elles ne l’abandonnent qu’à la dernière extrémité; le remet-on à leur portée, elles y rentrent aussitôt
p. 212, vol.1
Les larves de friganes et des perles, parmi les trichoptères, vivent aussi dans des tuyaux soyeux à l’intérieur, et recouverts de parcelles d’une infinité de matière, que ces animaux trouvent à leur bienséance, même de petites coquilles.
p. 278, vol. 2
Elles s’enferment dans des fourreaux portatifs qu’elles construisent avec de la soie, et les recouvrent ensuite avec différentes matières qui servent à les fortifier et à les préserver…
..Les fourreaux de ces larves sont ordinairement cylindriques, rarement plats, ouverts aux deux bouts, lisses et polis intérieurement, plus ou moins hérissés au dehors, parce qu’ils sont recouverts de différentes matières, telles que des parties de feuilles, de paille, de joncs, de petites parcelles de bois, de grains de terre ou de sable que la larve place sans ordre; plusieurs espèces ajoutent aux leurs de petites coquilles de limaçons et de moules, dont les vers sont encore vivants.
Toutes ces matières, qui rendent ces fourreaux difformes; contribuent cependant à leur perfection. Tels fourreaux ne sont faits que d’une de ces matières, ce sont les plus régulières; d’autres sont composés de tous ces matériaux, si peu propre à s’unir ensemble.
Un fourreau fabriqué de cette sorte serait un fardeau pesant pour la larve, si elle était obligée de marcher sur la terre, mais comme elle marche tantôt au fond de l’eau, tantôt à sa surface ou sur les plantes aquatiques, il lui est facile de le porter, parce qu’elles le construisent de manière à ce que sa pesanteur soit toujours à peu prés égale à celle de l’eau. Quand la larve augmente de volume, elle quitte son fourreau qui est devenu trop petit, et s’en fait un autre proportionné à la grosseur de son corps; souvent celui-ci diffère beaucoup du premier, parce qu’elle se sert de matériaux qui n’ont aucun rapport entre eux. Si on ôte à une larve son fourreau, et qu’on le laisse auprès d’elle, elle y rentre aussitôt la tête la première.
p.74 et suivantes, vol. 13.