Avec quelques rondelles de carottes

Marcel Donzenac, L’élevage des appâts pour la pêche, et des nourritures vivantes pour l’aquarium, Paris, Jean-Paul Glisserot, 1995, p.141-142.

Les scientifiques appellent les phryganes trichoptères, et les pêcheurs « vers d’eau », « porte-bois », « traîne-bûches »…/ …/ Plus de deux cents espèces vivent en France, dont toutes les larves (sauf une !-la nature est décidément une grande farceuse) sont aquatiques et bien connues des pêcheurs. On en trouve dans toutes les eaux, des courantes aux stagnantes. La plupart ont inutilisables, soit inusitées en raison de leur petite taille. Ce sont essentiellement celles qui construisent un fourreau tissé-collé très élaboré, d’aspect uni et de forme variable.

Les plus intéressantes sont celles dont les larves de bonne taille (deux à trois centimètres) vivent dans des fourreaux de petits cailloux ou de brindilles de bois collés (d’où leurs surnoms)

On les trouve en soulevant les pierres, à faible profondeur. A ce sujet, il est très important, primordial même, de reposer les pierres exactement où on les a trouvées, ou le plus près possible-et dans le même sens : c’est la microfaune qui vit dessous, qui crée l’équilibre d’un cous d’eau. Et puis, il faut toujours penser au pêcheur qui vous suivra… Surtout que c’est parfois vous-même !

Le « ver d’eau » s’esche très classiquement en piquant l’hameçon entre les pattes et en le ressortant au bout de l’abdomen, ou, en pêche fine et difficile, en le laissant libre, uniquement piqué par le bout de l’abdomen, au ras du fond, mais pas sur le fond.

C’est un excellent appât polyvalent, surtout les individus légèrement colorés de jaune. A ce sujet Duborgel préconisait de les conserver avec quelques rondelles de carottes, ce qui leur donne une couleur orangée très attractive. Nous avons essayé : ça marche, et les touches sont effectivement plus nombreuses sur ces individus que sur les autres.

La larve doit être sortie de son fourreau qu’au tout dernier moment, en le cassant au premier tiers de sa longueur, derrière la tête qu’on voit poindre à une extrémité. N’essayez surtout pas de tirer à l’une ou l’autre des extrémités. Devant il possède six pattes pour freiner, et de l’autre côté, des soies spécialisées l’ancrent dans son fourreau.