C. Millet, Les merveilles des fleuves et des ruisseaux, Bibliothèque des merveilles, Paris, Hachette, (1871), 1888, p. 216.
Chaque espèce travaille non-seulement à sa façon, mais choisit aussi ses matériaux : ainsi la phrygane rhombifère ou rhombique (Phrygana rhomica) dispose transversalement des brins de bois ou des débris de plantes aquatiques ; d’autres espèces disposent ces mêmes matériaux longitudinalement, et d’autres en spirale. La phrygane flavicorne ou à antennes fauves (Phryganea flavicornis) choisit de grosses bûchettes et emploie souvent des coquilles de mollusques et même de jeunes planorbes vivantes. La phrygane brune ( Phryganea fusca) fabrique un tuyau central avec de petits graviers et le garnit à l’intérieur, avec des fétus d’une grande longueur. Il convient de constater ici que chez les phryganes, l’art de construire est perfectible et qu’il dénote parfois une véritable intelligence : ainsi par exemple, une larve qui a l’habitude de faire son étui avec des pailles ou des feuilles, placée dans un vase où il n’y a que de petites pierres, finit par s’en servir pour construire sa demeure. D’autre part, si on place une larve nue sur un fond sablé de petites pierrailles, on la voit faire la reconnaissance et le choix des matériaux dont elle a besoin. Elle commence à construire une voûte avec deux ou trois pierres plates soutenues et reliées entre elles par des fils de soie, et se place en dessous ; puis elle choisit les pierres une à une, les prend entre ses pattes et les présente, absolument comme le ferait un maçon, de manière qu’elles entrent dans les intervalles des autres et que les surfaces planes soient inférieures. Quand la pierre est bien placée, elle la fixe, par des fils de soie, aux pierres voisines.