Ad. Nicolas, « Nids d’insectes », Bulletin Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts d’Angers, Angers, 1902, p. 65.
Parmi les plus curieuses de ces enveloppes, sont celles des Phryganes, formées d’un ramassis de débris végétaux, ou même animaux, dont la larve s’entoure en les fixant au moyen de sa soie, après les avoir mesurés et divisés en fragments convenables qu’elle soude irrégulièrement. Tout débris lui est bon pourvu qu’il ne soit pas sable ou caillou pesant. Pourquoi ? C’est que la larve qui vit au fond des mares, dans le fourreau qui la protège contre ses ennemis, aime à faire de temps à autre une promenade au soleil, à la surface de l’eau. Pour cela elle a ménagé sur l’arrière du fourreau, une chambre, au moyen d’un diaphragme de soie percée au milieu. Au fond de la mare, l’eau pénètre à travers l’orifice du diaphragme et séjourne dans la chambre où est la larve. Il suffit pour refouler l’eau, que celle-ci recule son abdomen jusqu’au fond de la loge, comme le ferait un piston dans son cylindre. Elle utilise, d’ailleurs, la même ouverture pour exonérer son intestin sans souiller sa loge. Lorsqu’elle veut se promener à la surface de l’eau, elle gagne la rive et se met au sec ; c’est l’air qui pénètre alors dans le fourreau et lui permet de flotter pour la promenade. A l’avant, la tête et les pattes font office d’aviron. Quand la larve veut plonger, le simple recul chasse l’air qui s’échappe en bulle apparente pour peu que l’animal se soit enfoncé déjà.
Je ne puis me persuader que les formes géométriques variées des minéraux cristallins soient l’effet du hasard ; mais, si je croyais que la phrygane a pu, d’elle-même, imaginer son piston, j’aurais plus d’admiration pour son industrie que pour un palais des Rajahs.