Elles sont susceptibles d’employer n’importe quoi

Renaud Paulian, La vie larvaires des insectes, Paris, Librairie Thomas, 1950, p. 118-119.

Les Trichoptères enfin, les « porte-bois » de nos pêcheurs, sont en immense majorité des constructeurs de fourreaux. Les larves emploient pour leur fabrication les objets qui jonchent le fond des eaux : fragments de feuilles ou de bois, grains de sable ou graviers, petits coquillages vides. On a pu montrer expérimentalement que les larves étaient susceptibles d’employer n’importe quoi pour édifier leur fourreau et que telle larve qui construit d’ordinaire un étui en gravier le construira, en cas de nécessité, avec des débris de feuilles. Le choix des larves est surtout commandé par la nature des objets disponibles. Pourtant il s’y ajoute certainement un véritable choix avec des préférences larvaires, car dans les conditions normales, chaque espèce a un fourreau caractéristique, qui se retrouve à peu près constant, même dans des habitats différents. Aussi a a-t-on pu établir toute une classification des tubes de Trichoptères, selon la nature de leurs matériaux de revêtement : minérale ou végétale ; selon la forme du tube, etc. Si le type spécifique des fourreaux est assez constant, il ne semble y avoir que peu de rapports entre les types réalisés dans un même groupe systématique . Ainsi les Ptilocolepus se fabriquent un fourreau de feuilles de Fontinalis imbriqués comme les tuiles d’un toit ; mais toutes les autres Hydroptilides ont un fourreau parcheminé, soyeux, sans revêtement ou avec un revêtement de grains de sable. Au point de vue biologique nous pouvons distinguer des fourreaux en soie pure, sans adjonction de corps étrangers : par exemple ceux de Setodes tineiformis Curt., qui sont en forme de coquilles de Dentale ; des fourreaux formés simplement d’un fragment de tige de Phragmite ou de Prêle, comme chez Agrypnia pagetana Curt. ; des fourreaux composés, employant de la soie et un revêtement de corps étrangers. Ce dernier type se présente sous des formes très diverses et on peut y reconnaître plusieurs types morphologiques. On distingue d’abord un type tubulaire et un type irrégulier. Ce dernier modèle peut-être aplati, très aplati ou en forme de haricot. Le type tubulaire est parfois simple et droit, revêtu alors, tantôt de grains de sable ou de coquilles, tantôt de quelques brindilles dressées formant ancre, tantôt de matériaux, végétaux disposés dans la longueur et pas en spirale, tantôt de matériaux disposés perpendiculairement au grand axe, comme chez les Limnophilus (fig. 73), tantôt de matériaux disposés en une spire come chez Phryganea (fig. 76) ; la section de ces tubes peut être ronde, carrée ou triangulaire.