C’est comme

Jean Piaget, La formation du symbole chez l’enfant : imitation, jeu et rêve, image et représentation, Neuchâtel, Delachaux et Niestlé, 1945, pp. 241-242.

Entre le symbole ludique, l’image imitative et le préconcept on trouve d’ailleurs toutes sortes d’intermédiaires, qui prolongent durant cette phase les faits de l’obs. 103 et qui oscillent entre « l’analogie agissante » et la simple comparaison concrète :

OBS. 109.- J., à 3 ; 6 voyant de petites vagues sur une plage du lac faire avancer et reculer alternativement de petits cordons de sable, s’écrie : « On dirait les cheveux d’une petite fille qu’on peigne. »
A 4 ;7 (26), encore, elle demande si le sirop qu’on peut faire avec des baies d’épine-vinette est « du sirop qui pique », ce qui est de l’analogie agissante. Le même jour, devant un coucher de soleil : « J’aimerais voyager dans des rayons et me coucher dans des draps qui seraient les nuages », ce qui une simple image. A 4 ; 7 (22) une herbe fine glissée dans une tige plus large donne lieu à des images imitatives mi-ludiques mi-analogiques : « Tu vois c’est des lunettes dans un étui à lunettes », puis « C’est un insecte dans son étui (allusion à une larve de phrigane vue dans un ruisseau), etc. Une tige de bois courbe : C’est comme une machine pour mettre de la benzine » (robinet coudé). Quelques jours après, au cours d’une dispute : « Alors on se sépare. Voilà une muraille (geste de la main marquant une limite imaginaire) qui nous sépare. » Puis : « Alors je rentre dans la coquille de cet escargot ( ignore l’expression « rentrer dans sa coquille »). Les méandres d’une rivière : « C’est comme un serpent », etc., etc.