Clara D. Pierson, Among the pond people, New York, E.P. Dutton and Company, 1901, p. 34.
« Reste tranquille et vois si tu ne deviens pas dur et foncé » dit-il
« Je ne vais jamais faire ça » dit elle. « Je suis allé voir les moules et je leur ai demandé si j’allais devenir dur et foncé et elles m’ont dit non »
« Je vais donc construire une maison pour couvrir la partie arrière de mon corps et toi tu as intérêt à faire la même chose ».
La plus grosse Phrygane avait l’air très surprise. « Qu’est ce qui t’as fait penser ça », dit-il ?
« Peut- être n’avais-je pas d’autre chose à penser ? » dit -elle. » Il fallait bien que je pense à quelque chose ».
« Je ne sais pas », dit-il.
Elle se dirigea brusquement vers ces autres frères et sœurs. « Où est-ce que tu vas ? dit-il.
« Je vais construire ma maison » répondit-elle.
« Tu as intérêt de venir aussi »
« Pas maintenant » dit-elle.» J’attends d’avoir terminé mon petit-déjeuner, je viendrai plus tard »
La plus grosse Phrygane était sur l’algue et mangeait son petit-déjeuner . Elle restait là encore un peu.
« Je ne pense pas que ce soit une bonne chose de travailler après manger » dit-elle.
Au-dessous d’elle, dans l’eau , ses frères et ses sœurs étaient en train de ramasser des petites baguettes, des pierres et des morceaux de coquillages cassés avec lesquels ils allaient construire leur maison.
Chaque Phrygane trouvait les siens et les attachait ensemble avec une sorte de soie qu’elle tirait de leur corps.
Ils n’avaient personne pour leur montrer comment faire, chacun faisait à sa guise, et il n’y en avait pas deux constructions identiques.
« Je vais construire ma maison suffisamment grande de façon à ce que je puisse y dissimuler ma tête et mes jambes si j’en ai envie « dit l’une d’entre elles.
« Moi aussi » crièrent les autres Phryganes.
Après un moment, quelqu’un dit, « moi je vais avoir une porte ouverte à l’arrière de ma maison »
Puis chacun de ses frères et sœurs afférés cria « moi aussi »
Quand les petites maisons furent terminées chaque Phrygane se glissa à l’intérieur de sa maison et s’installa avec la tête et les pattes qui dépassaient de la porte.
La partie blanche de leur corps n’était pas visible et si elles le souhaitaient, elles pouvaient rentrer leur tête.
Même Belostoma, la punaise d’eau pouvait passer à côté d’eux sans les voir.
« Accrochons nous à l’intérieur » dit l’une des Phryganes, et toutes les autres répondirent « faisons le ».
Chacune s’accrocha à l’intérieur avec les deux crochets situés à l’extrémité de leur corps, et ainsi elles étaient aussi bien installées et tranquilles que les moules.
A peu près à ce moment-là, le grand frère qui se déplaçait lentement sur l’algue arriva : « quoi » dit-il, « vous avez déjà terminé vos maisons ? »
« Oui » répondirent les autres joyeusement. » . « Regarde nous en train de cacher notre tête ». Et elles retiraient leur tête puis la sortaient à nouveau. Il était le seul à être visible avec son corps tout blanc.
« Je dois avoir une maison » dit-il. » J’aimerais bien qu’un d’entre vous me donne la sienne. Vous pouvez en faire d’autre. Il y a encore beaucoup de bricoles ».
« Fais-le toi-même », lui répondirent-ils. « Sers toi, toi-même de ces bricoles ».
«Mais je ne sais pas comment faire » dit-il, « et vous, vous savez »
« La faute à qui ? » demanda sa sœur.
Puis elle eu peur qu’il l’a cru en colère et elle ajouta «, ‘ on te dira comment faire si tu commences »
La grosse Phrygane ramassait des petits morceaux, des pierres et des fragments de coquillages cassés, mais ce n’est pas très amusant de travailler tout seul. Puis ils lui disaient comment procéder et comme les attacher avec la soie. »Fais attention de les lier solidement » lui disaient-ils.
« Oh c’est bien assez solide », répondait-il.
« Ça ira de toutes les façons, si un morceau s’en va, je le réparerai »
Ses frères et sœurs pensaient qu’il devrait la faire plus solide mais ils n’osaient pas le lui dire car il n’aurait pas aimé l’entendre.
Quand il se glissa dans sa maison et s’y accrocha, il n’y avait pas d’autres Phryganes en vue., Et ils étaient très fiers d’avoir ainsi imaginés et construits leur maison.
Ils ne savaient pas que les Phryganes avaient toujours agi ainsi, ils pensaient être les premiers à avoir pensé à une telle chose.
La maison de la grosse Phrygane n’était pas très solide, et tous les jours elle se disait « , ‘ je devrais la réparer, je le ferai demain ».
Mais quand le lendemain arrivait, c’était à nouveau remis au lendemain, il trouvait toujours quelque chose de plus intéressant à faire. Cela lui prit un bon bout de temps pour muer et c’était une chose qu’il ne pouvait pas différer. Il évoluait si vite qu’un de ces matins , il se réveillerait et trouverait sa tête sortant du sommet de sa peau et paresseux comme il était, il ne voulait pas que les habitants de l’étang le voient avec une fissure à sa peau au sommet de sa tête.
Quand cela lui est arrivé, il tira son corps à travers la fissure et il jeta son ancienne peau.
Il va y avoir une nouvelle en dessous vous le savez ?
Quand elles avaient mué plusieurs fois les Phryganes devenaient plus tranquilles et pensives.
Enfin la sœur, la première à avoir eut l’idée de faire la maison, attacha la sienne à une pierre, et tissa une sorte de grillage pour la porte de devant comme pour la porte arrière.
« Je vais m’endormir » dit-elle pour faire pousser mes antennes et pour me préparer à voler et à respirer.
Je ne veux plus que personne me dérange, tout ce que je veux faire c’est dormir de croître et de respirer l’eau va entrer par le grillage donc ça ira. Je ne pouvais pas dormir dans une maison dans laquelle il n’y avait pas d’eau fraîche pour respirer »
Puis elle se blottit et s’assoupit et quand ses frères et ses sœurs parlaient d’elle ils disaient la nymphe.
Ils ont cessé de parler d’elle car eux aussi ont accroché leur maison à des pierres et eux aussi ont fabriqué des grillages et sont allé dormir. Un jour une vipère d’eau qui traînait par là près des maisons des Phryganes.
« Hum-Hum » se dit-elle. « Il y avait de belles phryganes par ici et cela fait un moment que je ne les vois plus »
Je suppose qu’elles sont endormies et cachées quelque part. Il faut que je trouve mon dîner.Mon estomac est vide »
Elle fit un mouvement brusque avec sa queue et partit, mais en partant elle toucha une petite maison faite de brins, pierres et des morceaux de coquillages cassés et une grosse nymphe endormie de Phrygane s’écroula. C’était le gros frère.
Bientôt arriva la punaise d’eau « qu’est que c’est ? » s’exclama-t- elle en voyant la nymphe de Phrygane endormie
« Quelqu’un a bâti une piètre maison pour s’abriter, on a besoin de s’occuper de toi jeune nymphe de Phrygane ».
Il attrapa la nymphe endormie avec ses puissantes pattes de devant et s’éloigna, et personne ne sait ce qu’il advint de lui.
Quand les autres larves de phryganes se réveillèrent , ils passèrent à travers le grillage et ils font une bonne promenade autour avant de se glisser au-dehors de l’étang, vers leur nouvelle demeure : l’air.
« Quelqu’un a-t-il, il vu mon grand frère ? » demanda une nymphe aux autres, mais tout le monde répondit
« Non ».
Tout le monde regarda autour en écartant les yeux et puis ils se dirent que le grand frère avait dû se réveiller avant et quitter l’eau avant eux.
Mais vous savez que ce n’était pas le cas parce qu’il ne pouvait pas être un adulte sans terminer son sommeil de nymphe et il ne l’a pas fait.
Il a cessé d’être une larve quand il est devenu une nymphe. Personne ne sait ce qu’il est devenu à moins que la punaise d’eau ne nous le dise, et il y a peu de chose qu’elle le fasse.