Je vis une fontaine qui étoit formée par des neiges fondues

Lazzaro Spallanzani, Nouvelles recherches sur les découvertes microscopiques et la génération des corps organisés, traduit de l’italien par M. de Needham, Londres & Paris, Chez Lacombe, 1769,      p. 55-56.

Je me rappelle aussi qu’ayant un voyage à faire dans un chemin semé de cailloux, à la descente des cimes inhabitables des Apennins de Rhége, je vis une fontaine qui étoit formée par des neiges fondues, & dont l’eau se trouvait presque gelée, quoique nous
Fussions au commencement du mois d’Août ; elle prenoit son cours par dessus des pierres avec lesquelles on avoit voulu la couvrir, & dans un endroit absolument impénétrable aux rayons du soleil : Il y avoit une quantité prodigieuse de vers de bois aquatiques, qui s’étoient fabriqués des demeures flottantes dans des feuilles de hêtre de cette affreuse forêt. Ce n’est donc pas une chose fort extraordinaire de rencontrer différentes sortes d’insectes qui sont d’une trempe assez forte pour résister à toutes les rigueurs du froid, et qui non-seulement s’y maintiennent en vie, mais qui y conservent toute la liberté des fonctions animales, et le jeu des organes.