Laure Sylvestre, 100 Contes familiers des bonnes soirées, Paris, Éditions des Deux coqs d’Or, 1980, pp. 50-51.
Edgard avait une seule amie : une petite larve. Elle était toute vilaine mais il l’aimait bien. Elle était emmaillotée dans une écorce multicolore faite de pierres minuscules.
« Cela ne doit pas être drôle de vivre tout au fond de l’étang, lui dit Edgar. A ta place, je m’ennuierais.
– Mais un jour, j’aurai des ailes et je volerai répondit la larve.
– Tu dis des bêtises ! » répliqua Edgar en riant.
Un jour, il vit la larve en train de grimper lentement au bout d’une tige.
« Il n’y en a plus pour longtemps maintenant dit la larve gaiement.
– Longtemps pour quoi ? lui demanda Edgar.
– Pour que je m’envole ! » répondit-elle.
Edgar éclata de rire en faisant trois petites cabrioles.
Le lendemain, il trouva la larve hors de l’eau.
Mais ô surprise ! Elle venait juste de sortir de son écorce !