Abraham Trembley, Instructions d’un père à ses enfants sur la nature et sur la religion, Neuchâtel, Samuel Fauche, 1779.
Les teignes aquatiques sont très nombreuse, & leurs fourreaux sont très différents suivant les différentes espèces de teignes. Il y a de ces teignes qui nagent avec leur fourreau ; elles en font sortir la partie antérieure de leur corps où sont les jambes, dont les mouvements servent à les soutenir & à les faire avancer dans l’eau. Ces insectes ont besoin d’un art particulier dans la construction de leur fourreau ; elles doivent faire en sorte qu’il ne soit ni trop pesant, ni trop léger, afin qu’il ne soit pas un obstacle aux mouvements qu’ils font pour monter & pour descendre. Il y a une jolie teigne aquatique, qui compose son fourreau de quarrés longs, mais très-étroits, faits avec des fragments de plantes, qu’elle taille d’une forme très-régulière ; elle les ajoute les uns aux autres à mesure qu’elle croît, en les disposant en spirale. Ce fourreau est tout composé de la même matière. Mais il y a d’autres teignes qui emploient tous les matériaux qu’elles rencontrent, bois, sable, pierres, coquillages, même ceux qui renferment des animaux vivans. Elles n’emploient pas indifféremment tous ces matériaux ; mais elles font en sorte que la pesanteur des uns & la légèreté des autres, soient compensées de façon que le contrepoids requis dans leur fourreau ait lieu. Ainsi lorsqu’elles ont mis un morceau de bois qui le rend trop léger, elles y joignent une petite pierre pour corriger ce défaut.