Jacques Christophe Valmont-Bomare, Dictionnaire Raisonné Universel d’Histoire Naturelle, Lyon , Chez Bruyset, 1800.
Frigane ou phrygane, Phryganum, insecte aquatique qui se fait une enveloppe autour du corps avec de petits brins d’herbes et de bois qu’il lie ou colle les uns aux autres au moyen d’un fil mucilagineux qui sort de sa bouche.
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Ces teignes sont aussi du genre des ligni-pedes; ce sont des vraies chenilles; elles habitent dans les eaux , où elles se construisent un fourreau, dont l’intérieur est ordinairement lisse, poli et soyeux: ensuite les unes recouvrent leurs fourreaux de fragments de feuilles ou de bois et de brins d’herbes; d‘autres le recouvrent de petites coquilles de moules, principalement de plan-orbis et de buccins fluviatiles, et les ajustent sur elles comme elles le trouvent: aussi voit-on beaucoup de ces petites garnitures qui sont vivantes.
Une autre sorte de teignes aquatiques rapporte sur son fourreau des grains de sable. Les teignes chargées de cette matière pesante seroient obligées de ramper au fond de l’eau, et ne pourroient s’élever à sa surface, si elles n’auraient l’industrie de se procurer des contrepoids. L’insecte colle donc sur son fourreau de petits morceaux de bois légers ou de plantes; jusqu’à ce qu’il ait trouvé l’équilibre exact, qui lui permette de monter et de descendre dans l’eau avec facilité.
On en rencontre assez souvent qui se contentent de deux grandes pièces de bois qu’elles ajustent aux deux côtés de leur fourreau, comme les apprentis nageurs s’attachent des calebasses sous les bras. Rien de plus singulier que cet affublement; on dirait que ce sont autant de petits fagots ambulants : on est tout étonné de voir dans le courant d’une petite rivière ces morceaux remonter le fil de l’eau.