Il est difficile d’expliquer leur véritable origine

Baron Georges Cuvier (dir.), Dictionnaire des Sciences Naturelles dans lequel on traite méthodiquement des différents, tome 23,  Strasbourg, Levraut, 1822, p. 411-412.

Indusie. (Foss.)

On trouve auprès de Clermont en Auvergne, au sommet du Puy-de-Jussat, et dans d’autres endroits aux environs, un dépôt calcaire considérable qui n’offre aucune trace de corps marins : il est formé d’une très  -grande quantité de tubes d’environ un pouce de longueur sur quatre à cinq lignes de diamètre. Ceux de ces tubes que nous avons pu voir, sont composés de petites paludines réunies par une incrustation calcaire ; mais il paroit qu’on en trouve aussi qui sont composés de petits grains de sable de diverse nature. Ils sont ouverts à l’un des bouts, et l’autre est terminé par une calotte hémisphérique. Ils sont souvent agglutinés parallèlement les uns aux autres : quelques fois ils se croisent dans tous les sens ; d’autres fois ils sont divergens, et forment des espèces de bassins circulaires d’un pied et demi à deux pieds de diamètre.

M. Bosc, qui a le premier fait connoitre ce singulier fossile, l’a trouvé à Saint-Gérard-le –Puy, près de Moulins. Il croit que ces tubes ont servi d’enveloppes à des animaux, tels que les larves de friganes, et il l’a nommé indusia tubulata. M. Ramond admet aussi cette origine, et il en fait mention dans une Notice sur la constitution minéralogique des principaux points de l’Auvergne.

Dans un Mémoire sur les terrains qui paroissent avoir été formés sous l’eau douce, inséré dans le 15° vol. des Ann. du Mus. D’hist. Nat., et dont nous empruntons une partie des renseignements sur ce fossile. M. Brongniart croit qu’une infiltration calcaire, postérieure à la formation de ces tubes a réunis dans beaucoup d’endroits plus solidement qu’ils ne l’eussent été sans cette circonstance, et a tapissé leurs parois, tant extérieures  qu’intérieures, de manière à les déformer. Quelques personnes, au nombre desquelles nous nous sommes trouvés, avoient pensé que ces tubes n’avoient pu avoir été des demeures d’insectes, et ont cru qu’une concrétion calcaire dans laquelle se trouvoient de petites paludines, auroit enveloppé une multitude de brins de végétaux détruits par la suite. Mais le savant auteur du Mémoire n’admet point cette conjecture, et trouve qu’il y a une très grande ressemblance entre certains de ces tubes et ceux que forment les larves de quelques espèces de friganes.

Le peu de longueur de ces tubes, l’uniformité de cette longueur et de leur diamètre, et surtout celle de leur extrémité qui se trouve bouchée, nous empêchent de croire que des roseaux auroient servi de moules à ces tubes, comme on le voit souvent dans des incrustations de ces derniers ; mais il est difficile d’expliquer leur véritable origine. (D.F.).