F. A. Pouchet, Mœurs et instincts des animaux, Paris, Hachette, 1891, p.187-188.
Certaines larves aquatiques ne se trouvant pas suffisamment protégées contre les Poissons et les Grenouilles par le fin habit de drap de Teignes, veulent avoir une plus robuste enveloppe, et, pour la confectionner, choisissent les matériaux les plus variés. Souvent elles se font un fourreau d’une extrême solidité, en agglutinant, en maçonnant ensemble de petites pierres.
Parfois aussi les phryganes, c’est ainsi que l’on nomme ces prudents ouvriers, construisent leur guérite avec des coquilles d’eau douce ; d’autres fois, enfin, elles coupent, à cet effet, de fines herbes et s’en enveloppent tout le corps, de manière qu’elles ressemblent, au fond des mares, à de petites bottes de foin qui marchent toutes seules, car on n’en aperçoit pas le timide habitant.
Du reste, la Phrygane commune semble peu tenir à la nature des matériaux qu’elle emploie, et volontiers elle se sert de tous ceux qui se trouvent à sa portée. Ayant extrait avec soin plusieurs de ses larves de leurs fourreaux de coquillages, et les ayant ensuite placées dans des vases d’eau dont le fond était uniquement tapissé de petites perles de couleurs variées, je les vis se mettre immédiatement à l’ouvrage, pour se confectionner un nouveau domicile, en choisissant çà et là les perles les plus diversicolores ; de manière que, quand la construction fut terminée, chaque vêtement de Phrygane ressemblait à un petit étui en mosaïque, qui se promenait sur les parois de mon vase en cristal.